samedi, janvier 07, 2006

LIRE ET COMPRENDRE I: C'EST PAR DE FAUSSES QUERELLES QUE LE CNDD-FDD ET SES ALLIES L’ENDORMENT L'OPINION



Commentaire des dépêches de kirimba.org : 22-28 décembre 2005.
Depuis que le génocide et le terrorisme l’ont propulsé à la tête de l’appareil étatique, le CNDD-FDD travaille jour et nuit pour confondre ceux qui doutent encore de sa vraie nature. Il alterne discours d’ouverture à tous ceux qui sont prêts à oublier son passé génocidaire et menaces sévères à l’encontre de ceux là qui trainent encore dans la voie la plus sure pour arriver au pouvoir au Burundi : la violence génocidaire. Le PALIPEHUTU est dans cette dernière catégorie.
Depuis le mois d’août (discours inaugural de Pierre Nkurunziza), le PALIPEHUTU a d’abord été invité à arrêter la guerre et à se rendre à la table des négociations. Par après, il a fait l’objet d’avertissements, puis de menaces sévères dont l’application n’aura consisté qu’à laisser ce groupe tenir à moins de 2 km de la capitale Bujumbura un « congrès » dont la date et les heures étaient bien connues du pouvoir. Les résultats dudit « congrès » ont multiplié les sujet de la rhétorique d’endormissement que le CNDD-FDD exploite savamment dans ses interviews, communiqués et autres déclarations de ses dirigeants.
Lors de la deuxième moitié du mois de décembre 2005, c’est Pierre Nkurunziza lui-même qui, en bon chef de file, a procédé à l’inauguration de cette série. En effet, lors de sa visite aux militaires de la 1ere région militaire, il a affirmé que la question du PALIPEHUTU-FNL n´était plus du seul ressort national, mais qu’elle est dormais une affaire régionale. Pour ce faire, une commission a été mise sur pied afin de mâter les velléités belliqueuses de ce mouvement, commission composée de l´Ouganda, le Rwanda, la République Démocratique du Congo et du Burundi. Cependant, la Tanzanie qui se charge depuis longtemps d’organiser des rencontres entre le gouvernement Nkurunziza et le Palipehutu, ne fait pas partie de la commission. Il est vrai qu’elle contribue elle aussi à la complication de cette équation déjà complexe, notamment en privilégiant le groupe Rwasa aux détriments de l’aile Sindayigaya, mais c’est le Ministre Karenga Ramadhan qui empire la situation .
S’il y a quelqu’un de bien informé dans le cercle politique burundais, ça doit être le Ministre ayant en charge l’information et la communication (en la personne de Ramadhan Karenga). Il ne peut donc pas ignorer le choix de du camp Rwasa par la Tanzanie. Dans ces conditions, il est intéressant de l’entendre déclarer « Nous considérons Rwasa et Sindayigaya comme des tueurs et nous devons les combattre au même pied d´égalité ». Et comme si ceci ne suffisait pas pour semer la zizanie, il ajoute « nous sommes prêts à négocier avec celui qui se présentera le premier ».
Ces déclarations contradictoires émanant de hautes autorités du CNDD-FDD suscitent des interrogations :
1. Est-ce que le cndd-fdd dispose d’une quelconque base morale pour condamner ou faire condamner son confrère le PALIPEHUTU? Il n’y a rien que les FNL font (ou ont fait) que le CNDD-FDD n’ont pas fait eux-mêmes, à moins que Karenga n’insinue que les FNL sont moins efficaces que le CNDD-FDD. En effet, s’il faut classer ces deux groupes jumeaux en prenant pour critère le nombre de victimes faites en un seul coup, le PALIPEHUTU (avec ses 161 victimes à Gatumba) occupe une deuxième place loin derrière l’imbattable CNDD-FDD (avec ses 384 victimes en une nuit à Bugendana). On ne devrait jamais oublier que c’est pour cette force de frappe génocidaire que le CNDD-FDD sera invité à entrer au gouvernement avant qu’on lui laisse occuper toute la place. C’est peut-être pour les mêmes raisons que le gouvernement tanzanien qui se charge d’organiser les rencontres entre le gouvernement Nkurunziza et le Palipehutu privilégie le groupe Rwasa dont les hauts faits incluent (mais ne se limitent pas au) des massacre d’un certain nombre d’occidentaux dont un britannique, un canadien, un Nonce Apostolique, etc.
2. Compte tenu du rôle qu’a toujours joué la Tanzanie dans l’entretien des groupes terroristes attaquant le Burundi, quelle solution peut-on attendre d’une commission dont elle ne fait pas partie la Tanzanie?
3. Qui peut penser une seule seconde que la région va décider finalement une action quelconque contre le PALIPEHUTU, du moment que ce sont les mêmes acteurs, à savoir, les Chefs d’Etats de la sous-région qui avaient condamner le groupe après l’hécatombe de Gatumba, le taxant à juste titre de mouvement terroriste mais sans jamais entreprendre quoi que ce soit pour arrêter ses leaders ou geler les fonds de ce groupe comme cela se fait dans pareilles cas ?
4. Qui croit encore que le CNDD-FDD demande sincèrement que son parent naturel et allié d’hier, le PALIPEHUTU, soit mâté?
En definitive :
a) Qu’il y ait ou pas deux ailes au sein du PALIPEHUTU, elles procèdent toutes d’une même logique génocidaire. Apres tout, que ce soit le FNL, le FDD, le CNDD, le FRODEBU, etc; il ne faut jamais oublier que tous émanent de l’UBU (Umugambwe w’Abakozi b’i Burundi) ou Parti dit des Travailleurs du Burundi, un groupe soi-disant marxiste mais dont l’application des principes marxistes se limitera au génocide des Tutsi du burundi en 1973. En outre, la relation entre ce dernier et le CNDD-FDD va s’éclairant. En effet, même si le groupe dit “aile Sindayigaya” nie l’existence de très bonnes relations qu’il entretient avec le CNDD-FDD, cette négation s’accorde mal avec sa reconnaissance de la « légitimité » du régime Nkurunziza avec lequel il est pourtant prêt à entreprendre des « négociations sans conditions ».
b) Tout ce sophisme de Nkurunziza et Karenga ne vise qu’à masquer le vrai dessein du CNDD-FDD au pouvoir au Burundi : l’association par étapes du PALIPEHUTU dans le partage du butin du combat génocidaire qu’ils ont mené côte à côte.

Aucun commentaire: