ASSOCIATION BURUNDAISE DE LUTTE CONTRE LE GÉNOCIDE
AC-GÉNOCIDE CANADA
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MÉMORANDUM
ADRESSÉ AU PRÉSIDENT DU SÉNAT DE TRANSITION DE LA RÉPUBLIQUE DU BURUNDI,
HONORABLE LIBÈRE BARARUNYERETSE.
Honorable
Monsieur le Président,
·
Au nom des rescapés du génocide
des tutsi du Burundi et du massacre des hutu non acquis à cette ignoble
idéologie;
·
Au nom des victimes des
génocides et des crimes contre l’humanité à travers le monde;
·
Au nom de la mémoire
vigilante et de la conscience collective;
·
Pour le « plus jamais
ça »;
Les Tutsi du Burundi et de la sous-région des grands lacs africains
sont soumis depuis les années cinquante à une extermination programmée par des
idéologues coloniaux, religieux et de l’intelligentsia hutu extrêmiste en vue
d’une solution finale calquée sur le modèle nazi. Beaucoup d’événements macabres
ont ponctué l’histoire récente de la sous-région en générale et du Burundi en
particulier. Il suffit pour se le rappeler de mentionner le génocide et l’exil
rwandais de 1959; les tentatives d’extermination des tutsi du Burundi en 1965,
1972, 1988 qui ont culminé avec les génocides de 1993 et 1994. L’épée de
Damoclès reste suspendue sur leurs têtes depuis lors et il ne se passe pas de
jour sans que l’on ne rapporte des scènes horribles dont ces artisans de la
mort sont seuls capables.
Harusha et ses différents protocoles subsidiaires consacrent une renonciation à la souveraineté nationale et une institutionnalisation de la rupture du tissu social burundais en groupes ethnico-politiques antagonistes avec des quotas dont seul Dieu connaît la pertinence. La représentativité des membres de ces groupuscules laisse elle-même à désirer étant donné qu’ils n’ont ni le mandat, ni la légitimité des communautés dont ils prétendent défendre les intérêts. Dans ce marché des dupes où seuls se retrouvent les spécialistes du mercenariat et du courtage politique, même les engagements pris par les différentes parties sont rarement tenus. Que sont devenues les fameuses réserves du défunt G10 et qui étaient supposées sécuriser la minorité menacée d’extermination? Sacrifiées sur l’autel d’intérêts étroits dans la guéguerre des alliances (parfois contre nature) et des mésalliances au gré du souffle du vent. Pendant ce temps de distraction collective, le rouleau compresseur du FRODEBU et de ses milices génocidaires se referme sur les survivants du génocide et récupère tous les espaces de liberté publique dont la minorité pourrait se prévaloir. La persécution des militants anti-génocides, la simulation théâtrale de rébellions tutsi fictives pour détruire toute opposition véritable et les meurtres ciblés se comptent parmi l’arsenal prisé de cette stratégie d’endiguement. Le pouvoir judiciaire est instrumentalisé par l’exécutif pour museler et persécuter les médias et l’opposition politique pacifique.
La rupture du tissu social burundais est à la hauteur du niveau général de délabrement de l’État. La médiocrité et le nivellement par le bas sont devenus les modes de gouvernement de la nation burundaise, la corruption, l’affairisme et le trafic d’influence se sont mués en seuls moyens d’accès au pouvoir et de sa conservation. La souveraineté et la fierté nationale ont été vendues aux enchères sur les marchés régionaux et internationaux. La dépravation des mœurs, la débauche de la jeunesse par les mercenaires étrangers, la destruction du système éducatif national et l’effondrement de toutes les infrastructures socio-économiques n’empêchent pas de dormir les hommes aux commandes préoccupés davantage par la survie de leurs sièges éjectables que par l’avenir de la nation. Le sénat dont vous êtes président est rendu inopérant et a été transformé en un bac de recyclage de dignitaires en perte de crédibilité politique et sociale; les intendances des présidents déchus grèvent démesurément le budget de l’État pendant que les enseignants, les autres travailleurs et les citoyens ordinaires croupissent dans une misère incommensurable. Il serait risible, si ce n’était pas au Burundi, que des rebelles criminels rentrent et restent dans un gouvernement et dans d’autres institutions nationales auxquelles ils ont refusé l’assermentation d’allégeance.
Honorable Monsieur le Président,
Eu égards à tous ces maux qui rongent le Burundi dont nous n’avons relevé qu’une infime partie et dont nous sommes convaincus que vous êtes parfaitement conscient, AC-Génocide Canada formule les propositions et recommandations suivantes:
1. Élaborer et promulguer dans la constitution une loi réprimant le génocide et les autres crimes contre l’humanité conformément à la législation internationale en la matière.
2.
Établir les faits et juger
les criminels du génocide et les auteurs des autres crimes contre l’humanité:
il sied pour ce faire de mettre fin à la culpabilisation collective et à la
globalisation entretenues par les différentes affabulations sémantiques en usage dans les sphères du pouvoir.
« Pardonner, ce n’est pas oublier »; le pardon ne peut être que la
conséquence « d’une vérité bien établie, de l’aveu de culpabilité et du
repentir du criminel ». Le pardon ne s’accorde qu’à celui qui le demande
tandis qu’il est hallucinant d’exiger des excuses de la victime et de
l’innocent.
3.
Réhabiliter les victimes du
génocide et des crimes contre l’humanité: assistance matérielle immédiate et
sécurisation des rescapés; indemnisation et rétablissement des survivants dans leurs
biens fonciers, meubles et immeubles; accompagnement psychologique et médical.
4. Ratifier et incorporer dans
le droit national tous les textes et conventions internationaux relatifs aux
droits de l’homme et à la protection des minorités;
5. Construire un monument
national en mémoire des victimes du génocide;
6. Arrêter la persécution des
militants anti-génocide et les réhabiliter dans leurs droits de citoyens à part
entière;
7. Juger et disqualifier les
organisations et personnalités impliquées, de près ou de loin, dans les actes
de génocide et autres crimes contre l’humanité;
8. Reconnaître et faire suivre
immédiatement les clauses et les recommandations du rapport S/1996/682 de la
commission d’enquête internationale des Nations Unies sur le Burundi;
9. Élaborer et adopter une
constitution nationale qui consacre une démocratie équitable fondée sur un
processus de légitimation intra-communautaire: la logique d’« un homme,
une voix » est une affabulation dangereuse dans le contexte burundais de
société éclatée et où l’appartenance ethnique transcende l’adhésion aux idées.
Aussi faudra-t-il que les représentants des différentes communautés nationales
ne soient plus cooptés par les chefs de partis ou par les hommes au pouvoir
mais obtiennent la légitimité élective par un vote intra-communautaire, de la
base au sommet de l’État.
10. Incorporer dans la constitution et la loi
électorale des clauses qui précisent les mécanismes d’alternance
politico-ethnique au sommet de l’État. Tous les fils et toutes les filles de la
nation doivent avoir les chances égales d’accéder aux plus hautes fonctions de
l’État.
11. Surseoir immédiatement aux
amnisties et aux libérations sans jugement des criminels accusés de génocide et
de crimes contre l’humanité. Il en va de même du processus inique de blanchissage
de ces criminels de droit pénal pour les faire passer pour des prisonniers
politiques.
12. Élaborer et promulguer une
loi constitutionnelle qui empêche la prolifération de partis politiques
fictifs. Cette loi imposerait notamment aux partis politiques de présenter un
projet de société pertinent, d’avoir une assise nationale et de rendre compte
de leurs activités et de leur gestion aux institutions et à la communauté.
13.
Réhabiliter l’État et les
valeurs éthiques dans la gestion des affaires publiques: il faudra pour cela
créer, entre autres, une cour des comptes véritablement indépendante et un
conseil à l’éthique pour sanctionner l’action des mandataires publics. La
promotion à des postes de responsabilité publique doit être conditionnée à une
preuve d’intégrité et d’éthique sociale.
14.
Nettoyer, du paysage
politico-administratif burundais, les personnes compromises dans diverses
malversations économiques et sociales.
15.
Réhabiliter et ériger le
Sénat en un véritable contre-pouvoir du Parlement et de l’Exécutif.
16. Supprimer les avantages
exorbitants accordés aux anciens chefs d’État et aux autres dignitaires déchus.
17.
Réhabiliter le citoyen et
remettre en valeur les institutions protectrices de la souveraineté nationale
et de l’identité nationale.
18.
Sévir sévèrement contre la
dépravation des mœurs en général et la débauche de la jeunesse en particulier.
19.
Mettre fin à
l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire qui musèle et persécute les médias
et l’opposition politique pacifique.
20.
Traduire en justice les
criminels de guerre qui se la coulent douce au sommet de l’État au lieu de
faire des simulations théâtrales de rébellions tutsi fictives. Pour ce faire,
il est impératif de stopper immédiatement
la chasse aux sorcières dirigée contre des citoyens honnêtes opposés au
processus actuel et de remettre en liberté les enfants utilisés comme
guets-apens.
21. Remettre tout le monde au
travail et prendre des mesures d’urgence pour réhabiliter le système éducatif
national, les infrastructures économiques et sociales. La question des enseignants
et de la fuite des cerveaux doit particulièrement être au centre des
préoccupations des mandataires publics au plus haut sommet de l’État.
Président.
P.O/
Expert Iconzi,
Vice-Président.
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