Appel au soulèvement de la compassion
Moi, Chrysostome (Chris) Harahagazwe, membre fondateur de la Ligue burundaise des Droits de l’Homme « ITEKA » aux côtés de Melchior Ndadaye, Eugène Nindorera, Gilles Bimazubute, Jean-Marie Ngendahayo (et fier d’avoir proposé le « ITEKA ») , premier secrétaire général de la dite Ligue (alors que Ndadaye était trésorier) , catalyseur des premiers secours aux rescapés du génocide de 1993 alors que personne n’y avait pensé, ne supportant viscéralement aucune injustice, LANCE un appel solennel à la nation burundaise, à la diaspora burundaise, aux victimes des incessantes guerres des Grands-Lacs, à la Communauté de l’Afrique de l’Est, à la Communauté internationale, pour un soulèvement de la compassion pour le supplicié de Gitega Bukura Léandre et sa pauvre famille qui se trouve dans une solitude sans précédent. Ce supplice sans nom doit servir de déclencheur pour nous libérer sans violence d’un régime qui vole, tue et torture.
Je lance un appel vibrant aux millions de Burundais, hutus et tutsis, qui ont vu, ces 50 dernières années, les leurs être suppliciés comme le supplicié de Gitega Bukuru Léandre, de se lever comme un seul homme, sans armes, sans violence, pour résister pacifiquement à un régime démocratiquement élu pour voler, tuer, torturer, et organiser des escadrons de la mort qui assassinent lâchement des personnes sans défense. Un régime qui a perdu par ce fait toute légitimité. Dans cette résistance pacifique, aucune violence ne doit être exercée car le régime n’attend que cela pour exterminer encore une fois nos familles. Le Mahatma Gandhi a défait l’empire britannique par sans tirer une seule balle, et affirme que le principe « œil pour œil, dent pour dent, vous laisse tous les deux aveugles et édentés ».
L’immolation du jeune Mohamed Bouazzi en Tunisie a révulsé la conscience humaine et enclenché la libération des peuples arabes des tyrans qui les enchaînaient depuis des décennies. De même, le supplice atroce de Bukuru Léandre doit déclencher le mouvement de libération burundaise d’un régime qui vole, tue et torture. Si le lâche assassinat sous la torture d’Ernest Manirumva, un juste parmi les justes qui ne demandait que la bonne gouvernance et cela, sans arme, vous a laissé dans l’indifférence, cette fois-ci, il y va de la survie de la nation toute entière. Si vous ne voulez pas léguer à vos enfants un pays d’horreurs comme ces dernières 50 années, il vous appartient de dire non une fois pour toutes à la barbarie comme mode de gouvernement.
Je demande à notre sainte Eglise catholique qui est entrée en synode pour la paix et la réconciliation, de dénoncer ces horreurs et exiger justice et réparation pour les victimes et cela en termes clairs, sans la langue de bois habituelle. Je l’implore d’user de son influence morale pour appeler la communauté internationale à engager des poursuites immédiates à l’encontre de ce régime qui organise des escadrons de la mort contre des innocents désarmés. Je prie les nombreuses Eglises protestantes dont se réclament les tenants du régime qui tue, vole et torture, d’avoir le courage de condamner et disqualifier un régime qui risque de replonger la nation burundaise dans les affres de la guerre et des génocides.
Je supplie la société civile, les organisations de défense des droits de la personne humaine, les Eglises et toutes les personnes qui se disent disciples du Christ, lui-même injustement supplicié comme Bukuru Léandre, de ne pas abandonner la famille du supplicié de Gitega à sa terrible solitude et sans oublier les autres victimes de la barbarie au pouvoir comme cette maman qui a fendu le cœur des Burundais en pleurant sur les ondes l’horrible assassinat de son fils élève . Ils doivent les soutenir moralement et matériellement et exiger réparation et compensation.
Je demande au parti UPRONA de faire un sursaut d’âme et cesser immédiatement d’être complice d’un régime criminel, qui a assassiné le juste parmi les justes Ernest Manirumva, torturé le dirigeant uproniste, Aphonse-Marie Kadege ainsi que son compagnon de malheur Déo Niyonzima, et qui vient de tuer des étudiants qui ne passaient que leurs examens. Il y a va de son honneur perdu et de son bilan dans l’histoire, lui qui est accusé déjà d’avoir abandonné des centaines de milliers de ses adhérents au génocide et à une vie infrahumaine dans les camps des déplacés.
Encore une fois, je conjure la jeunesse exaspérée par tant d’horreurs contre des innocents de ne pas tomber dans le piège de la violence qui reviendrait à ajouter le drame au drame et surtout pour un régime dont la stratégie de guerre est de s’attaquer aux personnes sans défense : les femmes et les enfants.
A la diaspora, je demande d’user de toute son influence pour faire pression sur la Communauté internationale pour qu’elle isole le régime, lui coupe les vivres et le traîne devant la Cour pénale internationale afin de répondre de ses crimes contre l’humanité. Vous devez acculer la Communauté internationale à prendre ses responsabilités, elle qui a tant dépensé pour amener le Burundi à la paix, avant qu’il ne soit trop tard. Sinon, c’est elle qui viendra encore une fois, enterrer les milliers de morts, nourrir les affamés, entretenir les forces d’interposition, à coup de milliards d’argent des contribuables.
Si nous abandonnons notre beau pays à un régime criminel, nous n’aurons que ce que nous méritons selon l’aphorisme de Chamfort : « Les victimes sont souvent si lâches que l’on ne peut pas en vouloir longtemps aux bourreaux ». Aux esprits faibles qui tremblent dans leurs bottes : « Ils vont nous tuer ! ils vont nous tuer ! », je dis que dans un pays où on tue des bébés, aucun adulte ne devrait avoir peur de la mort pour la juste cause d’une vie dans un pays en paix et respectueux de la personne humaine. C’est le prix à payer pour asseoir un pays de paix et de prospérité pour nos enfants, et les enfants de nos enfants.
Que Dieu sauve le Burundi par l’action pacifique et déterminée de ses fils et filles qui refusent la barbarie comme mode de gouvernement!
Chrysostome (Chris) Harahagazwe
Lusaka, 20 novembre 2011
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